top of page
Photo du rédacteurEstelle

Entrez dans la mythologie grecque !


Lapithe combattant un centaure. Métope Sud 31, Parthénon, vers 447-433 av. J.-C.
Lapithe combattant un centaure. Métope Sud 31, Parthénon, vers 447-433 av. J.-C. (Source : Wikimedia Commons) (Collection : British Museum)

Bonjour à tous,

Je vous retrouve aujourd’hui pour un nouvel article, nous allons changer un peu de registre sur ce blog et enrichir un peu la rubrique « culturel » en parlant dans cet article de trois mythes gréco-romains qui m’ont été donné de lire mais aussi d’étudier à différentes périodes de ma scolarité, d’abord au collège en cours de latin, le deuxième je l’ai vu en cours de mythologie l’année dernière et le dernier je l’ai étudié au premier semestre de mon année de L2. Pour me simplifier un peu la tâche, je vais vous raconter ces mythes comme je les ai vu pour les cours, avec notamment comme appui Les Métamorphoses d’Ovide car je sais que cette version est accessible, cependant Ovide est un auteur latin donc les noms des dieux sont en latin chez lui, moi j’en parle avec les noms grecs par préférence et parce que c’est comme ça que je les ai appris.


Dédale et Icare

Avant de parler de Dédale et Icare, il faut parler de Minos. Minos, dans la mythologie grecques, est le fils de Zeus et d’Europe, roi de Crète et mari de Pasiphaé. Fait roi grâce à Poséidon, ce dieu lui demande, en remerciement, de sacrifier son plus beau taureau : un taureau blanc. Cependant, Minos croyant pouvoir déjouer les dieux sacrifia un autre taureau pour garder son animal rare. Poséidon furieux fit tomber Pasiphaé sous le charme du taureau blanc, cet adultère monstrueux donnera naissance au Minotaure. C’est après une victoire à Mégare que Minos revient en Crète et sacrifie des taureaux en l’honneur de Zeus lorsqu’il constate que le Minotaure grandit : cette abomination à double-corps, taureau et humain, laisse voir l’adultère de sa femme et il décide donc de le dissimuler au monde en l’enfermant dans un labyrinthe conçu par le célèbre architecte Dédale. Son travail était tellement précis et tellement bien fait qu’il se perdait lui-même dans son labyrinthe. Il fût après coup enfermé par Minos avec son fils Icare. C’est lors d’un énième sacrifice humain pour nourrir Minotaure que l’athénien Thésée, fils du roi Egée, se porte volontaire pour entrer dans le labyrinthe. Arianne, demi-sœur du Minotaure, tombe amoureuse du héros Thésée et l’aide, à l’aide d’un fil d’or, à entrer et sortir du labyrinthe : elle donna le fil à Thésée et resta avec la pelote à l’entrée du labyrinthe, quand il eut tué la bête il sorti et s’enfuit de Crète avec Arianne qu’il abandonna sur une île. Elle deviendra l’amante de Dionysos et, pour lui donner l’immortalité, le dieu jeta sa couronne au ciel et en fît une constellation aux côtés d’Héraclès. Du côté de Dédale et Icare, le vieil artisan commence à regretter son pays d’origine et aimerait rentrer avec son fils. Il se dit alors que Minos l’a séparé des routes et de la mer mais qu’il peut toujours essayer de passer par le ciel. Il construit alors des ailes qui, tenant avec de la cire, s’accroche aux bras ce qui leur permettra de voler. Il explique alors à son fils qu’il ne doit pas voler trop prêt de l’eau au risque que celle-ci n’alourdissent les plumes mais qu’il ne doit pas trop s’approcher du soleil car sinon la cire risquerait de fondre. Il lui recommande donc de le suivre. Après tous ces bons conseils ils placèrent leurs ailes et s’envolèrent. Au début, Icare suivait son père, et celui-ci, inquiet, surveillait du coin de l’œil les ailes de son fils. Depuis la terre, les gens voyaient ces deux hommes volants qu’ils prirent pour des dieux. L’ivresse de liberté d’Icare prit le dessus et lorsque qu’ils traversèrent la mer, il décida de voler plus haut, quittant alors la trajectoire de son père pour s’approcher un peu plus des cieux, et des dieux. C’est à cet instant que la cire de ses ailes se mit à fondre, et lorsque de Dédale voulu vérifier si son fils le suivait, il ne vit rien, il regarda alors l’eau et y vit les plumes de son fils. Arrivée sur terre il enterra le corps et donna le nom de son fils à la mer (« mer Icarienne », à l’est de la mer Egée) et à l’île (Icaria).

Lorsqu’Ovide écrit cela, il y a en grande partie une visée morale : L’ascension d’Icare voulant se rapprocher des dieux est une dénonciation de l’hybris (la démesure). Dans l’Antiquité, vouloir être proche des dieux ou même simplement des grands hommes était très mal vu, par exemple Phidias, architecte athénien, a longtemps été jugé pour hybris car il se serait représenté sur le bouclier d’Athéna Parthénos (Trésor du Parthénon) aux côtés de Périclès.

Procné et Philomèle

Si vous êtes un peu sensibles, même si j’ai fait de mon mieux pour ne pas trop choquer sans nous plus détériorer le mythe, sachez qu’il est assez violent, il est considéré comme un mythe de cuisine monstrueuse, c’est-à-dire un « genre » de mythe ayant pour thème la cuisine des hommes mangeant des hommes. Les mythes avaient à l’époque un grand rôle moralisateur, ici Ovide nous parle de la vengeance de deux femmes, Procné et Philomèle, sur un roi, Térée, ayant abusé de Philomèle. Mais je vais vous raconter tout ça.

Térée, roi de Thrace, épouse Procné, fille de Pandion, et de ce mariage nait Itys. Un jour Procné demande à son mari d’aller à Athènes chercher sa sœur auprès de son père pour qu’elle les rejoigne en Thrace. Il accepte et voyage donc à Athènes pour rencontrer le père de son épouse. Ils échangent des politesses et Térée lui confie la raison de son voyage, c’est à ce moment que sa belle-sœur, Philomèle apparait. Belle et entièrement couverte de riche parure. Térée, rendu fou par sa beauté, ne peut plus attendre de rentrer avec elle en Thrace. C’est lorsque le père accepte et que le roi de Thrace arrive dans son pays avec sa belle-sœur que les choses commencent à s’envenimer pour la jeune femme. En effet, une fois que le bateau accosta, Térée entraina la jeune femme dans une étable enfoncée dans la forêt et abusa longuement d’elle. Pendant qu’elle l’injuriait et maudissait les dieux, Térée commença a s’énerver et, plutôt que de la tuer, l’humilia encore plus en lui coupant la langue. Il l’abandonne dans l’étable et retrouve sa femme Procné au château. Il lui raconte que sa sœur est morte, qu’il n’a rien pu faire pour la sauver. Sa femme tombe dans un chagrin terrible. Pendant ce temps, Philomèle trouve le moyen de broder une toile sur laquelle elle raconte la vérité. Elle réussit à donner la toile à une servante qui la transmet à Procné. Folle de rage, la jeune femme sauve sa sœur et la cache dans sa chambre. Elle pleure, hurle et promet de la venger, elle envisage alors de tuer Térée lorsque son fils Itys apparait dans la chambre. Elle remarque alors au combien il ressemble à son père. Prise de folie, elle saisit une épée et la brandit contre son fils. Toujours dans sa folie, elle emmène le corps inerte en cuisine et le prépare. Prétextant un repas religieux, elle invite Térée à manger seul, elle lui sert le plat. Lorsqu’il appelle son fils pour le rejoindre, Procné lui dit « celui que tu demandes, tu l’as en toi » et à ce moment Philomèle sort de sa cachette et lance la tête d’Itys à Térée. Fou de rage il prend une épée et poursuit les deux femmes. Ils finirent par se transformer tous les trois en oiseaux.


Les centaures et les lapithes

Avant d’entrer dans le mythe il faut revenir un peu sur qui sont les Centaures et Lapithes, leurs liens et le lien entre Thésée, héros d’Athènes, et Pirithoos, roi Lapithes. Par l’ancêtre des centaures, Centauros, eux et les lapithes sont demi-frères. Ils sont pourtant très opposés, alors que les lapithes sont des être humains, les centaures eux se distinguent par leur corps dont la moitié est homme et l’autre est cheval. Les lapithes étendent leur royaume sur les terres thessalienne tandis que les centaures eux vivent dans les montagnes séparant la Thessalie de l’Arcadie. Nous reviendrons un peu plus tard sur ce lien familial car il est important dans l’interprétation que l’on peut en faire. Thésée et Pirithoos quant à eux sont des amis de longues dates. Un premier mythe rapporte que le lapithe avait entraîné le héros dans l'enlèvement d'Hélène. Pirithoos donnant son aide pour enlever la fille de Zeus, en échange de quoi Thésée devait l'aider à enlever Perséphone, ce qui les a conduits à être prisonniers aux enfers, desquels ils seront libérés par Héraclès. C’est là que commence le mythe dont je vais vous parler. Pitithoos et sa fiancée, Hippodamie, vont se marier, pour l’occasion le jeune lapithe invite son ami athénien Thésée ainsi que, comme le veulent les règles d’hospitalité, ses demi-frères centaures. Pourtant il ne peut s’empêcher de se rappeler que ce peuple est d’un caractère bestial et belliqueux. Comme le veut la tradition de fête, l’alcool coule à flot et les centaures, rapidement ivres, retournent à leur état sauvage et tente de violer les jeunes hommes présents, mais aussi Hippodamie, la mariée. C’est alors que s’engage une bataille sans pitié en Pirithoos et les centaures, bataille que Thésée n’hésitera pas à rejoindre, en disant que l’affront fait à Hippodamie est aussi fait au roi lapithe et par conséquent il est de son devoir d’ami que combattre à ses côtés. Il finit finalement par mettre fin au combat en tuant le chef des centaures. Normalement, ce mythe est l’histoire de Cénée, mais si j’ai pris le point de vue de Thésée c’est parce que je l’ai étudié du point de vue de sa représentation sur les métopes du Parthénon. Pour l’histoire, le Parthénon a été commandé par Périclès et, entre autres, il a été construit par Phidias dont j’ai parlé plus haut. Le Parthénon est donc un monument situé sur l’acropole d’Athènes et sert d’un point de vue religieux à protéger la sculpture monumentale en hommage à Athéna Parthénos, c’est-à-dire Athéna Vierge, accompagnée de la déesse Niké, déesse de la victoire puisque la sculpture et le parthénon sont aussi en remerciement à la déesse pour avoir permis aux grecs de vaincre les perses lors des guerres médiques. Ce mythe y est donc représenté et on peut l’interpréter comme une allégorie, les lapithes seraient donc les vertueux grecs tandis que les centaures seraient les barbares perses. Mais donc, à quoi sert Thésée ? Thésée, c’est le héros d’Athènes, fils d’Egée il a combattu pour défendre Athénes, politiquement et historiquement, les monstres sont placés dans des lieux sous la protection athénienne. Ici pourtant l’interprétation donne une vision moins précise que cela, et c’est pour ça que la centauromachie sera plus tard réutilisée par les chrétiens comme la représentation du Bien contre le Mal. Si Thésée représente alors Athènes, l’allégorie n’est autre que celle de la Ligue de Délos. En effet, Athènes et ses alliées ayant repoussés les Perses, il leur fallait s’assurer de maintenir cette paix dans le monde grec. Athènes ayant mené les autres cités à la victoire, elle s’était plus ou moins autoproclamée pour diriger la ligue de Délos, une association de cités créée en 477 avant J.-C. partageant un grand trésor. On peut ainsi faire une comparaison avec l’athénien Thésée qui a mené les Lapithes à la victoire contre les Centaures en tuant leur chef, de la même manière que Athènes a symboliquement tué le chef des perses en le repoussant loin dans son empire. Et c’est ici que l’on revient sur le lien de sang entre les centaures et les lapithes dans le mythe, le fratricide est un crime puni des dieux mais avec l’allégorie et la représentation sur le Parthénon, un monument religieux mais aussi civique (les Athéniens connaissent les mythes par cœur, en le voyant, ils savent ce qu’il représente) et politique, cette notion inscrit le combat comme une lutte pour les vertus et les mœurs : guerre entre de deux peuples qui ont le même sang (dont les frères) mais qui n’ont pas les mêmes valeurs.


J’espère que ces trois mythes vont ont intéressés, personnellement j’ai aimé me replonger là-dedans et essayer de les retranscrire tout en incluant une interprétation qui est certes personnelle mais qui ne vient pas de nulle part, c’est aussi comme ça que je les ai étudiés pendant ma scolarité (à part Procné et Philomèle, ce sont des mythes que j’ai eu à étudier pour des rendus/oraux), et ce sont des mythes donc je vous recommande de les lire (pas seulement avec Ovide) et de les interpréter vous-même.

Sur ce je vous souhaite de belles découvertes !


Sources et extras : (je voulais mettre des liens vers des archives des textes d’Ovide que j’avais trouvé sur Wikipédia (dans les sources des articles, si vous voulez les chercher c’est très simple à trouver) mais les liens ne fonctionnent pas toujours donc j’ai plutôt mis l’ouvrage que j’ai utilisé).

- Ovide, Les Métamorphoses, (trad. L.Puget, T.Guiard, Chevriau et Fouquier), coll. Les Classiques de Poche, éd. Le Livre de Poche, Allemagne, 2010

- Pour plus de mythe de cuisine monstrueuse : Va te faire manger chez les grecs ! (ft. Manon Bril & Nico) -LiveHannibal #4 (Attention : il y a des illustrations, notamment des scènes de la série Hannibal, qui peuvent heurter les plus sensibles, vous pouvez tout de même écouter les histoires de Manon Bril sans regarder les images)

6 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page