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Morale et Ethique dans Psycho-Pass

Dernière mise à jour : 17 juil. 2019


Bonjour à tous !


Ayant clôturé ma chaîne Youtube je vais reposter certains sujets sous forme d’article. Pour celui qui suit ça va être très simple parce que j’avais écrit mot à mot mon texte pour ne pas dire trop de bêtises (rappel : je ne suis pas prof de philo, juste étudiante et passionnée).


Petite précision avant de commencer, l'analyse que je propose ne concerne que la première saison et elle est disponible sur Netflix donc vous pourrez retrouver une partie de ce que je raconte dessus, sachant que je vais ici salement spoiler donc si vous voulez le découvrir allez le regarder plutôt, d’autant qu’il est en lui-même très riche en référence philosophique.


Donc l'histoire se passe dans un futur proche dans lequel la société est gérée par une entité nommé Sybil, cette entité permet l'autorégulation alimentaire ce qui rend les frontières du pays complètement fermées à l'importation et l'exportation. De plus, chaque individu porte sur eux ce qu'on appelle un "psycho-pass" et ce dispositif permet de déterminé si un individu est susceptible ou non de commettre un crime. Je n'en dis pas plus pour le moment car nous allons développer l'histoire au fur et à mesure.


Mais avant je pense qu'il est bon de vous expliquer un peu ce qu'est la philosophie morale et l'éthique. La philosophie morale est une philosophie qui tend à comprendre la morale, ses fondements, ses mécanismes et ainsi définir le bien et le mal. Lorsqu'on parle de morale on parle alors d'une distinction subjective entre bien et mal, en revanche lorsqu'on parle d'éthique il s'agit plus d'un mixte entre les règles établies (par des lois, des préceptes etc) et le débat autour de la communauté : on cherche ce qu'il y a de mieux pour la communauté. Cela nécessite un débat qui tend à être le plus équilibré possible avec des méthodes différentes en fonction de la question et du milieu étudié (ex : déontologie, casuistique...). Donc ici avec Psycho-pass la question éthique serait : Est-ce qu'une entité peut avoir le droit de vie ou de mort ? Et donc il faudra discerner les formes de droit représentées dans le manga afin de comprendre quel traitement celui-ci fait du libre-arbitre et de la morale. Tout au long de cette plus ou moins longue analyse je vous donnerais des sources, des auteurs et des éléments/concepts philosophiques qui me semblent intéressants à prendre en compte et je les remettrais en barre d’information pour ceux que ça intéresse.


Dans le manga on suit donc l’unité 1 de la division criminelle du BSP (Bureau de la Sécurité Publique). Ils sont équipés d’un Dominateur, une arme polymorphe qui change de mode selon le Psycho-pass de l’individu visé. On a donc ici une arme qui prend le rôle du droit qu'on pourrait appeler juridique même si le principe n'existe pas vraiment dans la société dépeinte. Elle est formatée pour réagir en fonction d'un chiffre qu'elle lit et seulement ça. Donc ici il n'y a pas vraiment d'éthique et encore moins de morale, il s'agit d'une loi appliquée sans discernement, sans réflexion ni même délibération. Mais ce système va s'avérer de plus en plus inefficace dans la gestion du crime car la brigade criminelle va découvrir que des moyens existent pour déjouer le scanne du psycho-pass. Un personnage en particulier démontre que certains échappent tout simplement au système car leur code psycho-pass est en contradiction avec ses actes (on les appelle distancés pathologiques dans le manga) et d'autre utilise simplement des technologies avancées pour falsifier leur coefficient de criminalité ce qui va pousser la criminelle à inclure une entité humaine dans la gestion du crime. Sachant au passage qu'une intervention humaine incarnant la morale a déjà eu lieu au début du manga lorsqu'une victime d'une agression fait une crise de folie et que son psycho-pass augmente, l'arme l'analyse comme dangereuse et se met en mode létale mais l'héroïne, Akane Tsunemori, décide de patienter avant de tirer, permettant alors de faire baisser le coefficient de criminalité de la victime et donc de n'être que paralysée et mise en observation. Ici on établit donc deux représentations, celle de l'arme comme droit juridique/réglementaire et celle d'Akane comme représentation de la morale. Vient alors l'éthique, qui du coup s'impose à eux à cause des déficience et limite du système Sibyl, incarné deux fois dans le manga mais pas de la même manière et pas avec les mêmes enjeux philosophiques.


Dans un premier temps l'éthique est illustrée par Joshu Kasei, la chef du BSP à laquelle se réfère tous les chefs d'unité, elle prend les décisions en fonction de délibération, généralement le choix se fait toujours entre la sécurité de tous contre la liberté d'un. Ici, le choix n'est et ne peut être jamais moral, en tout cas si l'on prend la définition kantienne de la morale. Pour faire simple, selon Kant l'acte moral ne peut être motivé par des intérêts, sinon c'est un calcul autour de coût et de bénéfice et souvent, c'est motivé par un intérêt personnel et parfois même égoïste, dans le cas présent c'est une décision avec un intérêt pour la communauté : nuire au droit fondamental de liberté d'un individu dans l'intérêt de la sécurité d'une communauté. Ici il n'y a donc pas de question de bien ou de mal mais de ce qui est le mieux pour le plus grand nombre (ce qui est grosso modo une démarche utilitariste dans le cas où ici la représentation est toujours une entité unique).


(C’est là où je spoile sévère, alors il est encore temps pour toi de fuir, mais grouille, c’est juste dommage parce que c’est le moment le plus important de l’analyse)


Dans un deuxième temps cette éthique est représentée par l'intérieur du système Sybil qui nous est présenté comme une association de cerveau de distancés pathologiques, ces cerveaux sont principalement criminels et ensemble ils forment un système qui se veut purement rationnel. Parce que tout au long du récit de base on montre que le coefficient de criminalité sont fortement liés aux sentiments, sentiments qui ne peut pas être une instance raisonnable, et donc ne peut pas être fiable. C'est pourquoi le sentiment n'est pas une base à la morale parce qu'il rendrait la distinction entre bien et mal peu représentative, mais ce n'est pas non plus une base à l'éthique car l'éthique sert surtout à choisir une intervention par rapport à ce qu'elle apporte à la société tout en se référant à des lois (et donc le sentiment rendrait le choix partial). Donc ces cerveaux étant a priori entièrement rationnel dans le sens qui est exposé dans le récit, ils sont aptes à débattre sur des choix calculés dans l'intérêt de tous. Cette entité devient donc une entité multiple qui choisit un porte-parole incarné par la chef du BSP qui n'est qu'un réceptacle.


Leur but est donc d’intégrer un nouveau cerveau à Sybil, cependant ce cerveau est recherché par l'unité 1 du BSP donc Sybil doit d'abord éloigner cette unité de lui. Les stratagèmes ne marchant pas dans un premier temps ils décident de révéler à Akane la vérité sur eux et lui donner une arme modifiée pour qu'elle puisse communiquer avec eux. De cette manière on intègre un conflit entre la morale individuelle et l'éthique. Parce que de son côté Akane va tenter de leur livre Shōgo Makishima en échange de protection de Shinya Kōgami (un Exécuteur) mais de son côté il est motivé à tuer Shogo Makishima si c'est nécessaire. Pour lui ça ne changera rien car son coefficient criminel est à un niveau très élevé. Il y a donc un conflit entre les intérêts d'une communauté régie par des règles et de deux individus avec une morale différente, l'un veut une justice délibérative comme dans le système passé et l'autre veut une exécution plus directe car selon lui c'est ce qu'aurait fait Sybil si le psycho-pass avait fonctionné.


Donc lorsqu'on revient sur la question du droit de vie ou de mort, la question de l'entité est complexe, car dans psycho-pass l'entité n'est jamais la même : une arme (les réglementations), une représentante (le débat éthique), une communauté (le choix rationalisé), un individu (sa morale/ses convictions). Donc la réponse évidement à la question "Est-ce qu'une entité peut avoir le droit de vie ou de mort ? " est non, elle ne peut pas l'avoir, mais dans ce manga on voit que l'entité se donne ce droit et le justifie par des moyens différents.


Pour compléter un peu on peut transposer l'idée sur un contrat social. Parce que l'idée du conflit entre moral et éthique s'approche d'un conflit entre intérêt personnel et intérêt collectif qui est illustré par le schéma du contrat social de Rousseau. Dans son idée, priver un homme de sa liberté c'est lui priver de son humanité. Donc le pacte qui fait le contrat social, qui fait passer l'homme d'un état de nature (attention : l'état de nature est complètement fictif dans le contractualisme, c'est juste une fiction pour illustrer ce qu'était l'homme sans Etat) à un état social ne peut pas être un échange de liberté contre la sécurité comme l’explique Hobbes. En faisant ce pacte l'individu devient un citoyen, donc il ne fait que passer d'une liberté désirante à une liberté rationnelle et donc le système n'est plus une volonté de tous mais une volonté générale. La volonté de tous c’est lorsqu’il y un rapport de force et un compromis, la volonté générale c’est lorsque pour délibérer je mets mes intérêts particuliers de côté et je fais abstraction de mes critères personnels pour prendre la décision. On est cependant individu et citoyen en même temps, c’est-à-dire que même en faisant abstraction, c’est-à-dire en étant dans la volonté générale, on peut revenir à nos intérêts personnels, c’est-à-dire tendre vers l’individu, et c’est là que l’Etat nous ramène à notre état de citoyen. Cependant ici je prends Rousseau mais il faut savoir que sa définition de la volonté générale n'est pas la première, la première est celle de Diderot qui est pour le coup une définition éthique (contrairement à celle de Rousseau qui est politique) mais elle ne peut pas s'appliquer dans ma comparaison parce que dans psycho-pass la délibération éthique est dans un but politique et donc démocratique, hors la définition de Diderot n'est pas applicable à une décision démocratique : « la volonté générale est dans chaque individu un acte pur de l’entendement qui raisonne dans le silence des passions sur ce que l’homme peut exiger de son semblable, et sur ce que son semblable est en droit d’exiger de lui » (Encyclopédie sur le droit naturel (1740)) Ce n'est pas applicable par que les "passions" sont personnelles et particulières alors que dans l'optique de prendre des décisions politiques ils faut pouvoir être dans une démarche collective.


Donc pour conclure, dans Psycho-pass on nous présente une entité qui fait office d'Etat qui se donne un droit de vie ou de mort basé sur un droit réglementaire ou éthique, par la délibération rationnelle et qui peu à peu rentre dans un conflit avec la morale individuelle et les convictions personnelles des deux héros voulant inclure un système de justice : l'un en voulant un jugement délibéré face à des faits et des preuves et l'autre en voulant exécuter ce qu'aurait fait, selon lui, le Dominateur (l'arme) s'il avait fonctionné (ses convictions sont liées principalement parce qu'il tient au système Sybil qu'il a connu et l'antagoniste en question remet en cause se système par le fait qu'il soit un meurtrier qui passe au-dessus du système et donc, pour le héros, il doit être éliminé dans le pire des cas. En réalité, il accepte de suivre Akane dans son idée mais se promet de le tuer si la situation tourne mal.)


J'espère que ça vous a intéressé, je reprécise que je ne suis pas spécialement calée en philosophie, j'ai quelques connaissances et j'aime montrer que la philosophie peut être partout donc j'espère que mon but est atteint ici ! Sur ce je vous souhaite de belles découvertes !

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