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Photo du rédacteurEstelle

[Spoil] L'anniversaire de Kim Jong-IL

Dernière mise à jour : 21 sept. 2019


Une BD très efficace, bouleversante et génialement pensée


On suit le jeune Nord Coréen Jun Sang, né le même jour que Kim Jong-Il. Il est accoutumé à l'idée qu'on ne fête jamais son anniversaire, uniquement celui de son leader. Jun Sang est un enfant éduqué comme tous les enfants de Corée du Nord, une discipline de fer, une foi aveugle pour le chef du pays et surtout une facilité à haïr et à dénoncer. Tout à l'air parfait aux yeux du jeune garçon, son pays est fort, grand, plus grand que les américains et les sud coréen et rien ne saurait troubler sa petite vie de fier futur guerrier. Jusqu'au jour où sa famille lui annonce qu'ils vont quitter le pays pour aller en Chine. L'expédition illégale tourne mal et ils finissent, lui et sa famille, emprisonnés dans un camp de travail. Affamés et quasi à l'agonie ils apprennent après une longue période de torture qu'ils vont être libérés mais vont aussi vite comprendre la fin tragique de leur père/mari mort dans un douteux accident de travail. Le sachant d'origine sud coréenne les autorités ont surement pris soin de le faire taire. De ce fait, la famille en deuil retourne dans le pays de tout leur malheur et la foi que Jun Sang avait pour son leader commence à sévèrement disparaître : il décide de partir en Corée du Sud avec sa mère et sa sœur. Leur mère leur ordonne de fuir sans elle et ils n'ont d'autre choix que de lui obéir, ils finissent par arriver en Chine, étape obligatoire pour pouvoir contourner la frontière entre les deux Corée sans risquer à nouveau l'enfermement. Malheureusement, les deux jeunes gens se retrouvent embarqués par des trafiquants, Jun Sang s'enfuit mais sa sœur elle se retrouve vendu à un réseau de prostitution où on lui promet un aller simple pour la Corée du Sud si elle travaille pour eux.

Jun Sang, de son côté trouve un réseau catholique ayant pour mission de faire passer les rescapés en Corée du Sud, les membres du réseau l'aide à retrouver une santé et des vêtements pour finalement lui permettre de sauver sa sœur. Il réussit à la faire passer la frontière mais décide de rester sur place pour aider le réseau catholique.


J'ai lu cette bande-dessinée sur un coup de tête à la Bibliothèque Universitaire, cela a dû me prendre une heure et je suis vraiment pas déçue : intéressante, bouleversante, glauque. Cette BD dépeint un récit on ne peut plus subtil et frappant à la fois. C'est assez intelligent d'ailleurs, la subtilité du début est dû au fait qu'on suit le récit à travers le regard d'un enfant endoctriné et qui dit les choses qui lui paraissent normale du fait de son éducation et de sa vie et plus le récit avance, plus sa foi en son pays et son leader laisse place à la haine et le récit devient plus morbide et plus sombre au fur et à mesure que son regard et ses émotions/pensées changent. De plus le choix de mettre en avant un enfant permet aussi de comprendre les stratégie d'endoctrinement, et ça commence à l'école et dans la cour de récréation, comme par exemple le fait que lors des jeux dans la cour, la dénonciation est un réflexe que les plus jeunes exercent naturellement lorsqu'un autre enfant tiens des propos illégaux. La punition et l'oppression sont omniprésentes et peu importe l'endroit l'enfant est soumit à la violence et l'autorité, le seul moment de la bande-dessinée qui révèle la faille entre la réalité de l'enfant et celle de l'adulte c'est lorsque que Jun Sang se fait gifler par son père devant les autorités puis, une fois la porte fermé, celui-ci se confond en excuse auprès de son fils.

Car il y a une opposition nette entre les deux, l'enfant croit en son pays, le père lui est en confrontation constante avec, sa femme dira même qu'il doit faire attention à ses propos et aux voisins qui pourraient les entendre.

Cette bande-dessinée est bouleversante et très bien construite, même après la lecture de ce spoil elle vaut encore le coup d'être lue car je n'ai fais qu'effleurer le vaste sujet de cette bande-dessinée. Car son histoire ne compte pas réellement, ce qui compte c'est la cruauté dépeinte tout au long de celle-ci qui importe.


Sur ce je vous souhaite de bonnes lectures !

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